L’année passée quand nous sommes rentrés du Roll’Athlon, nous étions crevés, les corps avaient mal (et je ne reviens pas sur mes chevilles « en sang »). De nouveaux muscles nous étaient apparus, meurtris, et les têtes étaient fatiguées …mais pleines de beaux paysages, d’efforts partagés et d’émotions.

Alors naturellement cette année quand les inscriptions ont ouvert, la proposition n’a pas tardée : On se réinscrit ?

Franchement cette année, je ne le sentais pas. Je n’ai pas été très assidue aux entrainements. Le muscle qui a le plus travaillé a été la langue (On est Papot’ ou on ne l’est pas !) et le premier semestre a été très fatigant.  Mais bon, l’année passée, j’avais entrainé Caro dans cette aventure, je ne pouvais pas la lâcher cette année…

Nous voilà parti samedi matin à 5 dans la voiture. Autant dire que c’était très animé et qu’on était bien serré à l’arrière. Perso, j’avais prévu de dormir pour récupérer un peu mais ça n’a pas été évident car nos 3 hommes Patrick C, Patrick F et Robert ont pris leur carte de membre du Papot’Club ! Bref, je fini par m’endormir. Mais voilà que je suis réveillée par un «  bzz bzz…..4h30 ….bzz..bzz.». Pour moi, c’est synonyme de l’heure du thé. Ah oui, un bon thé avec une belle part de tarte au citron. J’ouvre les yeux, visualisant déjà l’objet du délice. Mais horreur, le 4h30 annoncé est en fait le défi que nous fixe Caro (pour elle et moi). Nous devons arriver en 4h30. Nous avions fait 4h39 l’année passée donc cette année ça sera 4h30 ! Et là j’ai quasi la nausée. Je me rappelle de mes chevilles « en sang », des doigts de pied abimés, des muscles endoloris et des côtes interminables. 4h30 ! Ma copine est folle !

L’arrivée à Seyssel se fait sans encombre. Nous récupérons rapidement nos dossards et les « Non Zone4 » avec qui nous partagerons les mobil homes. Et oui on partage les bons plans avec les copains même s’ils ne roulent pas en fuchsia ! Serge, Philippe, Georges et Yanis sont donc les bienvenus. Le camping est toujours aussi top. Nous aurons les mêmes bungalows que l’année passée… chacun reprend son lit ! Après un bon repas de pâtes en terrasse chacun se prépare, accroche son dossard, vérifie ses roues…et se couche enfin. Comme l’année passée l’orage se déclare en début de nuit. Un petit orage, qui n’arrive même pas à inquiéter Caro.

Le réveil sonne. Pas de temps à perdre. Les gâteaux sport cuisinés par Caro et Patrick C sont bien bons. Chacun fait le plein de fruits secs, de compotes, de bananes et d’eau. Nous partons avec les poches arrière pleines. J’avoue que je retournerais bien me coucher ! Mais bon, le pouvoir du groupe, l’émulation…

Nous voilà chaussés sur la ligne de départ. Avec Caro, nous avons la chance d’avoir des petits numéros de dossards qui nous permettent d’être très bien placées sur la ligne. J’ai prévenu, la première côte m’a tué l’année passée. Cette année je vais la faire à mon rythme. Surtout qu’une fois de plus la route est mouillée. Caro répond : « pas de problème, on s’attend là-haut ». Au final, là-haut je ne suis pas trop à la ramasse et pas trop loin d’elle. Après quelques kilomètres je suis bien dans mes patins et apte à rouler correctement. Nous prenons de beaux pelotons. L’allure est bonne et agréable ! Quel pied ! Nous enchainons les kms. C’est étrange, toutes les mauvaises sensations de l’année passée sont absentes. Peut-être est-ce grâce aux roues Boom, ou peut être au changement de réglage de la platine. J’en oublie de regarder le paysage mais je reconnais quelques lieux qui ne m’avaient pas laissé que de bons souvenirs. Quand je regarde la montre, j’ai des surprises. Nous passons la distance du marathon en 1h40. Si je calcul bien les 4h30 sont envisageable ! Il va falloir rester dans ce peloton. Le patinage de « Mr Moustache de Beauvais » est tellement agréable que ça semble possible. Je tiens correctement jusqu’au 60km. Et là c’est le mur. Ma tête ne veut plus patiner, les jambes sont lourdes. C’est un état de fatigue générale plus qu’avancé. Je décroche le peloton. Caro me repère, viens me chercher et me ramène au peloton. Un vrai chien de berger ! Mais non vraiment ça n’est plus possible. Son pouvoir de persuasion n’y fera rien. Il faut que j’arrête et que je la laisse partir. C’est la première fois que ça arrive. Je lâche. Jusqu’à présent on s’est toujours attendu, entraidé. L’objectif est commun, on arrive ensemble. Mais là, non ! Je ne peux pas lui gâcher la course. Je sens bien qu’elle est très en forme cette année. Il faut qu’elle fasse sa course et qu’elle arrive avant les 4h30 fatidique ! Tant pis ! Le peloton s’éloigne avec ma copine et je me retrouve toute seule. Il va falloir reprendre des forces, se détendre les muscles et essayer de trouver un nouveau peloton…. Et là, c’est la traversée du désert. Un peu plus 10km toute seule. Ah, j’ai le temps de voir les beaux paysages ! Au 75ème km, enfin un peloton approche. Je l’attends. Mieux vaut perdre un peu de temps pour rouler avec eux plutôt que de continuer à lutter seule. Et là, surprise, je retrouve Serge qui est lui-même encore plus surpris de me trouver là. Il m’accueille avec « alors Perrine, que fais-tu là ? Tu as coupé ! Et Caro, elle est où ? » Je n’ai pas la force de lui répondre mais dans ma tête la réponse fuse : « Et bien non je n’ai pas coupé, je ne suis pas monté sur une moto non plus. J’ai juste poussé comme une folle sur mes patins et ma copine est en train de s’envoler vers la ligne d’arrivée car elle doit bien avoir 15mn d’avance sur nous ! » C’est avec cette remarque que je me rends compte qu’on a eu une belle moyenne ! Une fois dans le peloton je me repose et j’envisage la côte de l’arrivée. 7km de côte ça se prépare psychologiquement. Raté ! Au premier « coup de cul », je suis à sec. Les cuisses n’ont pas d’énergie… et je perds le peloton ! Bienvenue en enfer. C’est là que ma tête reprend le pouvoir. Il me faut un moment pour relancer la machine. C’est à coup de « tu ne peux pas abandonner ici », « si tu t’arrêtes, tu rates la grande descente », « allez, allez », « et Caro, elle est où ? En train de siroter un thé devant une tarte au citron », « allez, allez », « tarte au citron, tarte au citron », je divague… mais j’arrive en haut ! et là surprise. Ça fait 4h18 qu’on est parti…. Les 4h30 sont accessibles. Je me lance à corps perdu dans la descente. Et je patine, et je pousse, allez, allez. L’année dernière, j’ai freiné dans cette descente. Elle m’avait impressionné. J’avais du mal à tenir mes chevilles, les cuisses faisaient mal. Cette année, je visualise la ligne… et la tarte au citron. Au final : 4h23. J’ai droit à 7 tartes au citron ! Je n’en peux plus. Quelle sensation magnifique quand on arrive. Le cœur explose, les larmes coulent. Fabuleux ! Caro est arrivé en 4h11. Encore plus fabuleux. Quelle course elle a dû faire ! Je suis fière d’elle car ça a été dur et elle a gagné 28mn sur l’année passée. J’ai bien fait de la laisser faire sa course.

Nous nous retrouvons tous sur la ligne d’arrivée pour attendre nos coéquipiers. Patrick F a terminé en 4h02, Robert a fini en bus (mais c’était prévu).  Et Patrick C arrive, le sourire aux lèvres en 5h24. Nous avons tous amélioré nos temps.

Nous appelons le camping pour qu’ils lancent les pizzas. Elles seront prêtes quand on arrivera et nous repartirons au plus vite pour Cergy. Un petit coup d’œil aux résultats pour voir qui sont les vainqueurs mais les listes ne sont pas prêtes. Tant pis on part.

En route pour Paris, chacun fait des textos à la famille. On se détend, ça rigole …. Jusqu’au texto fatal d’Olivier : « Vous avez attendu pour le podium de Caro ? ». Blanc dans la voiture ! Nous pensons que c’est une blague ! Mais non, Caro est 3ème des V1F. Autant dire qu’on n'en peut plus. C’est une telle joie qui s’empare de nous. Qu’elle belle victoire! Nous sommes tous dégoutés qu’elle n’ait pas sa photo sur le podium. Elle aura sa coupe ! Charly des Eagles l’a récupéré. Ah cette coupe sera sans doute l'une des plus belles de sa carrière !

Pour résumer cette course, je dirais :

-          Ecoutons les copains qui nous entrainent vers de belles aventures

-          Quoi de plus beau que l’esprit d’équipe ?

-          Le mental peut aplatir les côtes ! (Au moins un petit peu)

-          Merci les copains pour ce beau Week End

-          Pour la saison prochaine, je m’entraine mieux pour ne plus lâcher ma copine. Et si elle avait eu une défaillance, qui c’est qui l’aurait récupérée ?

 

Alors, l’année prochaine, qui se sent pour nous rejoindre ???

Perrine